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Flotte de soutien : l'heure du renouvellement

24 Mars 2021 , Rédigé par Igor Delanoë Publié dans #Chantiers navals, #Flotte de la Baltique, #Flotte de la Mer Noire, #Flotte du Nord

Flotte de soutien : l'heure du renouvellement

L’activité croissante de la marine russe dans les zones maritimes éloignées (comme la Méditerranée) et dans l’océan mondial exige que la logistique suive. L'admission au service actif de nouvelles plateformes de combat ayant vocation à sillonner les eaux du globe, parfois sur de longues périodes, pose un défi logistique que l'absence de bases ultra-marines - en dehors de Tartous dont les installations font l'objet d'une mise à niveau, et demain, de Port-Soudan - rend plus aiguë.

Ces dernières années, les forces navales russes ont reçu de nouveaux bâtiments de soutien au compte-gouttes : le navire de ravitaillement Akademik Pashin (unité tête-de-série du Projet 23130, flotte du Nord), construit au chantier naval Nevsky de Chlisselbourg (région de Leningrad), le remorqueur universel Sergueï Balk (unité tête-de-série du Projet 23470, flotte de la mer Noire), construit à Yaroslavl et admis au service actif en février 2020, comptent parmi eux. D'après le responsable du service de soutien de la flotte du département des Transports du ministère de la Défense, ce sont actuellement 18 contrats portant sur la construction de 44 unités de soutien de tous types qui sont en cours d’exécution auprès de différents chantiers navals nationaux. La politique de substitution aux importations a causé des retards importants dans la livraison de certaines plateformes, comme le remorqueur polyvalent Vsevolod Bobrov (Projet 23120, voir photos ci-dessus et ci-dessous), seconde unité du Projet 23120, construit par le chantier naval du Nord (Saint-Pétersbourg). Mis sur cale en 2013, il a entamé son cycle d'essais en mer Baltique ces derniers jours et doit être livré probablement fin 2021 ou en 2022 à la flotte du Nord, soit presque 10 ans après le lancement de sa construction. Tout comme son sistership l'Elbrouz - unité tête-de-série du projet affecté à la flotte du Nord -, il a fait les frais de la rupture de la coopération avec les industriels occidentaux suite à la crise ukrainienne de 2014. Le Projet 23120 avait en effet été élaboré dans une toute autre réalité politique dans laquelle la Russie acceptait de se fournir auprès d'industriels occidentaux pour un certain nombre de systèmes et de composants navals : Wärtsilä (Finlande) pour la propulsion, Glamox (Norvège) pour les systèmes d'éclairage... Pour l'une comme pour l'autre des plateformes, des solutions de remplacement ont du être imaginées après 2014, occasionnant ainsi des retards dans la livraison. Une troisième unité - le Kapitan Chevchenko - mise sur cale en juillet 2014 est en cours de construction.

 

Source : OSK

Le chantier Vympel (Rybinsk) a sorti le 19 mars du hall de montage le Guennadi Dmitriev (voir photos ci-dessous) unité tête-de-série des bâtiments de transport de munitions du Projet 20360M. Il s'agit du plus grand navire jamais construit par le chantier (77 m - 2 500 tonnes). Cette unité est destinée à la flotte de la Baltique, tandis que son sistership (mis sur cale en mars 2018), le Vladimir Pyalov devrait partir en mer Noire.

 

 

 

Source : Vympel

En 2020, la marine a par ailleurs passé commande pour 3 nouvelles unités des bâtiments ravitailleurs du Projet 23130 (14 000 tonnes à pleine charge), l'unité tête-de-série Akademik Pashin ayant manifestement donné satisfaction à la flotte du Nord. La future seconde unité a déjà reçu le nom de Vassili Nikitin et a été mise sur cale au chantier naval Nevsky le 26 mars 2021. Par ailleurs, 5 contrats ont été conclus pour des travaux de développement de navires tête-de-série : un petit navire de ravitaillement, un navire démagnétiseur, un nouveau remorqueur...

De ces récents développements, on peut retenir que :

- La marine mise sur la qualité plus que sur la quantité pour les plateformes de soutien dont elle tient à expérimenter les premières unités avant de passer commande pour un lot, et ce, afin de pouvoir le cas échéant recalibrer les spécifications. Cette prudence ralentit la production et complique le travail des chantiers tout en diversifiant le parc des unités de soutien, compliquant ainsi les opérations de MCO.

- La flotte du Pacifique semble pour le moment laissée pour compte, ce qui est logique compte-tenu du fait que son réarmement arrive avec quelques années de décalage par rapport à celui de la flotte de la mer Noire et de la flotte du Nord. D'autre part, les défis stratégiques plus pressants sont identifiés par Moscou sur son grand flanc occidental, ce qui  nécessite de servir en premier les flottes du Nord, de la Baltique et de la mer Noire.

- La substitution aux importations occasionne des retards, ce qui explique aussi la parcimonie des commandes car les solutions proposées par les fournisseurs russes (quand elles existent), ne peuvent pas forcément être produite avec la cadence souhaitée par la marine.

- La chaîne logistique en haute-mer continuera de constituer un défi pour la marine russe au cours de la décennie, dans la mesure où les nouvelles unités (frégates, corvettes, parfois des unités plus modestes !) déployées dans les zones maritimes éloignées et dans l'océan mondial ne sont pas nécessairement adaptées à ces navigations au long cours.

 

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