Le commandant en chef de la Marine russe évoque le développement des forces navales.

Le commandant en chef de la Marine russe, l'Amiral Vladimir Vissotski, a évoqué lors d'une rencontre avec les médias, les perspectives de développement des forces navales de la Russie d'ici à 2020, et même au-delà.

Alors que le Premier Ministre russe Vladimir Poutine a publié hier dans le quotidien russe Rossiskaïa Gazeta un article au sujet de la modernisation des forces armées russes, le commandant en chef des forces navales russes, l'Amiral Vissotski, s'est quant à lui livré à une interview face au médias russes.

L'article de Vladimir Poutine, véritable programme de défense du candidat à la présidentielle du 4 mars prochain, évoque en général les forces armées du pays, tandis que les informations délivrées par l'Amiral concerne exclusivement la question du développement de la Marine russe d'ici 2020 et au-delà.

Que faut-il retenir de cette interview ?

Tout d'abord, le commandant en chef a évoqué la mise en oeuvre du programme de d'armement naval et de modernisation de la Marine, et le fait que la Russie poursuivait l'abandon du format qui reposait sur de trop nombreux projets et de multiples classes de navires. Le pays poursuit l'effort d'unification des forces navales autour de quelques grands projets. La flotte russe devrait à l'avenir être composée de task groups avec des formats et des spécificités différentes selon leurs zones de compétences. La mer Noire, l'océan Atlantique ou l'océan Arctique représentent autant de théâtres avec leurs propres caractéristiques, "c'est pourquoi les task groups doivent être également diffrents, mais tous unifiés au maximum" a insisté l'Amiral. En ce sens, les déclarations du Premier Ministre complètent les propos de l'Amiral : Vladimir Poutine a en effet annoncé dans Rossiskaïa Gazeta que la Russie souhaitait doter ses forces navales de 50 nouveaux bâtiments de surface au cours des dix prochaines années.

Le commandant en chef a confirmé l'intention du Ministère de la Défense d'acquérir 8 SNLE de classe Boreï (Projet 955) et 8 submersibles de classe Yasen (Projet 885) d'ici à 2020. Les Boreïs mettront en oeuvre la dissuasion nucléaire sous-marine russe en étant équipés du nouveau missile balistique intercontinental Boulava. Le projet d'oukaze présidentiel concernant l'admission du missile dans l'arsenal de la Marine russe serait d'ailleurs prêt à être signé, et ce, malgré les critiques de certains experts sur sa fiabilité. Le SSGN Severodvinsk (Projet 885) devrait, selon le militaire, être admis en service actif cette année, après qu'il ait accompli de nouveaux essais en mer. L'Amiral a par ailleurs insisté sur la nécéssité pour la Russie de conserver une logique de prospective afin d'anticiper les mutations et les défis de demain qui conditionneront le format et l'emploi des forces navales : "Nous regardons également au-delà des vingt années à venir" a ainsi déclaré l'Amiral.  Le Premier Ministre russe évoque quant à lui l'entrée en service de 8 SNLE et 20 sous-marins polyvalents au cours des dix prochaines années. En ce qui concerne la mise en service de submersibles à propulsion classique, l'Amiral Vissotski a indiqué que la Marine russe prévoit d'équiper les nouvelles unités en propulsion anaérobie, y compris les submersibles de la classe Lada (Projet 677).

L'Amiral Vissotski est brièvement revenu sur l'achat par Moscou de navires français de type Mistral. Il a ainsi confirmé que l'armement des bâtiments seraient de fabrication russe, et que la défense anti-aérienne des BPC russes, ainsi que leurs moyens de défense ASM seraient considérablement renforcés comparativement à celles des BPC en services dans la Marine nationale. Il a notamment évoqué, sans plus de détails, des "ogives spéciales fabriquées en Russie" qui équiperaient les BPC russes. Le commandant a également rappelé que l'une des principales conditions à la signature du contrat franco-russe était le transfert de technologies. Enfin, les 3e et 4e unités seront effectivement construites en Russie avec l'aide de la France.

L'Amiral a par la suite évoqué la modernisation et le renforcement de la Flotte de la mer Noire, et a rappelé que les froces navales russes en mer Noire seraient dotées "dans un futur proche" de 6 nouveaux sous-marins diesels (Projet 636.3) et de 6 nouvelles frégates (Projet 11356). Nous pouvons rajouter le fait que la Flotte de la mer Noire devrait également recevoir 2 grands navires de débarquement de classe Ivan Gren (Projet 11711). Le renouveau de la flotte russe en mer Noire ne devrait pas concerner exclusivement Sébastopol, mais également les autres bases navales et points d'appui dont la Russie dispose en mer Noire, notamment la base navale de Novorossisk, actuellement en construction. La flotte de la mer Noire pourrait donc disposer de deux task groups formés autour des deux navires de classes Ivan Gren.

Sources : Naval Today ; Flotprom ; RIA Novosti.

Pour aller plus loin :

Les deux premiers Boreï admis en service actif cet été.

Les sous-marins de la Flotte de la mer Noire.

Le Ministère de la Défense russe commande les missiles Boulava