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Les frégates, future épine dorsale de la flotte de surface russe ?

26 Avril 2017 , Rédigé par Khan Publié dans #Projet 22350, #Projet 11356

Les frégates, future épine dorsale de la flotte de surface russe ?

Une fois le défis de la production de turbines indigènes résolu, les frégates pourraient devenir l'épine dorsale des forces navales de surface russes.

Un pas vers l'indigénisation industrielle

Le président russe Vladimir Poutine a inauguré hier à Rybinsk (région de Iaroslavl) la première chaîne de fabrication de turbines à gaz russes au sein de l'entreprise NPO Saturn. Le coup d'envoi des essais de la turbine M35R-1 a été donné par le président. Cette unité, qui intègre le moteur à gaz M70-FRU-2, équipe les navires de débarquement sur coussin d'air de type Zubr (Projet 12322). La production en série de cette turbine doit débuter, selon Saturn, en 2018. Il est également prévu que le moteur M-70-FRU-2 serve de base pour la fabrication des navires de débarquement sur coussin d'air de type Murena (Projet 12061). La construction de cette chaîne de montage aura coûté près de 6,7 milliards de roubles (environ €110 millions).

Il s'agit d'un pas important franchi par la Russie en direction de la souveraineté en matière de production de turbines à gaz. Les navires russes équipés de ce type de propulsion dépendaient de l'industriel ukrainien Zorya MachProject (Nikolaïev) avec qui la coopération a été rompue en 2014 dans le contexte de la crise entre l'Ukraine et la Russie. Saturn, qui appartient à ODK (holding russe des constructions de turbines) - une filiale de Rostech - doit mettre notamment au point une turbine à gaz et diesel capable de remplacer celles ukrainiennes équipant les nouvelles frégates russes du Projet 11356M et du Projet 22350 (le moteur à gaz M90-FR qui compose la turbine M55R). L'industriel a assuré que cela serait chose faite d'ici 2020, les essais du prototype devant débuter cette année ou en 2018. A l'occasion de sa visite chez Saturn, le président russe a rappelé combien il était important que la flotte soit en mesure d'assurer d'ici 2025 une présence dans toutes les zones importantes de l'océan mondial.

Le renoncement aux aspirations océaniques ?

Ce déplacement chez Saturn et cette déclaration interviennent quelques jours seulement après que le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a indiqué que les nouvelles frégates polyvalentes ont vocation à constituer l'épine dorsale des forces de surface de la marine. Le ministre a fait référence aux frégates du Projet 22350 dont le navire tête de série, l'Amiral Gorchkov, termine ses essais en mer et pourrait être livrée à la marine en juillet prochain, après de multiples retards. Le ministère de la Défense avait commandé 8 unités de ce type ; ce sont finalement 6 frégates qui doivent être livrées d'ici 2025, dans le cadre de la mise en oeuvre du programme d'armement 2011-2020...

Alors que Moscou devrait dévoiler dans quelques mois son programme d'armement 2018-2025, cette déclaration indiquerait-elle en creux que la Russie a renoncé aux aspirations océaniques qu'elle affiche depuis la fin des années 2000 ? Les frégates du Projet 22350 sont des bâtiments polyvalents disposant d'un déplacement de 4 500 tonnes, équipés de missiles Kalibr et Oniks (anti-navires), qui ne pourront que très partiellement compenser la contraction du rayon d'action de la flotte hauturière russe provoqué par le désarmement des grandes unités ex-soviétiques. Les programmes de modernisation en cours (croiseurs du Projet 1164, grands navires de lutte ASM du Projet 1155, croiseurs atomiques du Projet 1144.2) et à venir (porte-avions amiral Kouznetsov) doivent permettre de faire la soudure avec la mise en service de nouvelles plateformes hauturières (destroyers Lider). OSK (holding russe des constructions navales semble toutefois avoir renoncé à inclure ce dernier programme dans le prochain plan d'armement 2018-2025. Selon son dirigeant, le coût unitaire d'un destroyer équipé serait proche de 80 milliards de roubles (€1,3 milliards).

Pour rappel, les missions de la flotte soviétique étaient principalement de trois ordres : sanctuariser les zones de déploiement des SNLE et SSGN, neutraliser les groupes aéronavals américains dans l'Atlantique et le Pacifique et enfin, être en mesure détruire les SNLE américains. Bien que les objectifs de la marine russe aient aujourd'hui évolué, les frégates du Projet 22350 ne peuvent à elles seules remplir le large spectre de missions qui incombe à des plateformes hauturières. Elles peuvent en revanche mettre en oeuvre une série de missions dans les zones maritimes adjacentes : détecter et détruire des sous-marins ennemis et verrouiller les approches maritimes et aériennes du territoire russe depuis la mer. Projetées vers des eaux plus lointaines, ces frégates peuvent tirer leurs missiles Kalibr et frapper des cibles à terre, comme cela a été le cas en Syrie.

Cette orientation amène une clarification des missions et objectifs de la marine russe dans l'océan mondial au cours de la décennie à venir. Ces dernières devraient consister à réaliser des exercices avec des marines étrangères afin de donner corps à des partenariats politiques et à assurer une présence ponctuelle et discontinue dans certains "points chauds" (Corne de l'Afrique, Asie...). Il s'agit enfin d'une prise de conscience que le défis technique et financier de mettre à l'eau une flotte océanique est trop important et pas nécessairement justifié. L'essentiel des intérêts vitaux russes restent concentrés dans son proche-étranger tandis que les zones d'intérêts pouvant être situées en dehors de cet espace (Levant) sont...à portée de Kalibr.

Sources : sudostroenie.info, Lenta, Tass, Vzgliad...

MàJ 03/06/2017 : selon le directeur d'OSK, les frégates de nouvelle génération seront élaborées sur la base de celle du Projet 22350.

Illustration : frégate Amiral Gorchkov en mer Baltique, 20 avril 2017. Source : forum.airbase.ru

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D
Comment cela se fait - il que 15 - 20 frégates devaient être livrées selon flotte de combat 2012 et maintenant 6 sont commandées c' est quoi se blizzard ?
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A
OSK a récemment confirmé lors du salon IMDS 2017 à Saint Pétersbourg que les trois dernières unités prévues du projet 11356M seront bien livrées à la VMF. Parallèlement, deux autres unités de ce type sont prévues d'être mises sur cale pour l'Inde d'ici 2019. Pour ce qui est du projet 22350, y a-t-il des nouvelles sur le calendrier pour les deux dernières unités? Lors de ce dernier salon, il n'a été que vaguement évoqué le projet 22350M d'un déplacement de 8000 tonnes, soit un navire sensiblement différent du projet 22350...
K
Bonjour, <br /> Merci de votre commentaire. <br /> Je n'ai pas les chiffres de "flotte de combat 2012", mais si on part sur les estimations données en 2012, devaient alors être commandées 6-8 frégates du Projet 11356M et 10 frégates du Projet 22350. Ce plan, bien trop ambitieux, a considérablement été revu à la baisse depuis. On est aujourd'hui sur 6 + 6 sachant que sur les 6 frégates du Projet 11356M, seules les 3 premières ont reçu dans les temps leurs turbines ukrainiennes. Les trois autres pourraient être revendues à l'Inde. Le cap semble maintenu (tant bien que mal) pour les 6 unités du Projet 22350, avec des retards considérables.<br /> Cordialement