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Entretien de ses sous-marins classiques en Méditerranée : la Russie (re)fait du pied à l'Algérie

18 Mai 2018 , Rédigé par Khan Publié dans #Sous-marins, #Projet 0636.3, #Méditerranée, #Escadre méditerranéenne, #Russie-Algérie

Entretien de ses sous-marins classiques en Méditerranée :  la Russie (re)fait du pied à l'Algérie

Les sous-marins classiques d'attaque du détachement opérationnel russe déployés en Méditerranée ne disposent pas des infrastructures nécessaires à leur entretien dans le bassin méditerranéen. Tandis que les termes de la Convention de Montreux (1936) empêchent les aller-retours des bâtiments de combat entre la mer Noire et la Méditerranée et alors que les infrastructures de la base de Tartous ne sont pas aujourd'hui suffisantes, la Russie explore d'autres possibilités... qui ne sont pas véritablement nouvelles.

L'accroissement de l'activité navale russe en Méditerranée orientale pose la question de l'entretien des plateformes, et donc du soutien logistique. Elle se pose d'autant plus que le président russe a récemment déclaré que les bâtiments équipés de missiles de croisière "Kalibr" ont vocation à être déployés en Méditerranée de manière permanente. Or, la plupart des navires de combat qui composent l'escadron naval méditerranéen russe sont équipés de ce type de missiles (frégates du Projet 11356, navires lance-missiles du Projet 21631 et SSK du Projet 0636.3).

La Russie dispose actuellement de deux SSK de type Kilo (Projet 0636.3) déployés en Méditerranée :  le B-268 Velikiy Novgorod et le B-271 Kolpino, les deux derniers submersibles de ce type à être sortis des cales du chantier naval de l'Amirauté (St Pétersbourg) fin 2016, et à avoir été versés à la flotte de la mer Noire. Ces SSK se seraient illustrés récemment lors des frappes menées par la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis contre le régime de Damas, en perturbant le déroulement de la phases de tir d'un sous-marin britannique.

Si la Russie dispose bien d'un "point de soutien technique et matériel" à Tartous, en Syrie, les infrastructures d'entretien y restent toutefois à ce jour limitées : il s'agit d'un navire atelier, du type du PM-158 par exemple, qui assure une présence à Tartous de plusieurs mois avant de rentrer à Sébastopol (QG de la flotte de la mer Noire) et d'être remplacer par un sistership. Ces bâtiments ne peuvent en tout cas pas réaliser des opérations de réparations et d'entretien sur les sous-marins. Or, les 2 SSK susmentionnés sont en mission de combat depuis plusieurs mois dans les eaux du bassin méditerranéens : le B-268 y est arrivé au début de l'automne 2017, tandis que le B-271 est rentré en Méditerranée fin août 2017. Si les équipages des deux SSK ont été relevés à Tartous fin mars-début avril, il n'en demeure pas moins que les navires auront besoin d'un entretien de routine qui n'est pas possible de réaliser en Syrie. 

Les options qui s'offrent alors à la marine russe concernant l'entretien des deux SSK, en attendant la mise à niveau des infrastructures de Tartous qui va prendre plusieurs années, sont les suivantes :

- envoyer les sous-marins en mer Noire afin qu'ils subissent leurs réparations à Sébastopol. Le problème est que, en vertu des termes de la conditions de Montreux, ces SSK ne pourront ensuite plus repartir en Méditerranée, sauf s'il s'agit pour eux de rallier une base ou un port russe afin d'y subir... des réparations. En outre, les infrastructures d'entretien pour les submersibles sont limitées à Sébastopol : un dock flottant, lequel est occupé par le B-871 Alrosa (Projet 877V), qui est en IPER au Centre de réparation naval n°13 depuis...avril 2014.

- renvoyer les sous-marins à Saint-Pétersbourg ou à Severodvinsk pour qu'ils y subissent leur IPER. Une option contraignante mais qui viendrait garnir le plan de charge du chantier naval de l'Amirauté qui va s'alléger avec la fin programmée de la manne que représente les commandes de SSK de type Kilo.

- solliciter un "pays méditerranéen amis" afin d'y faire entretenir les submersibles. Formulées de la sorte, cette option paraît peu crédible ; elle a pourtant été mise sur la table par une source diplomatico-militaire russe récemment. Cette source d'ajouter que les pays qui opèrent des sous-marins de facture russe ou soviétique sont "nombreux" en Méditerranée, ce qui paraît exagéré.

Сet "appel du pied" pourrait être destiné à l'Algérie qui dispose de SSK de type Kilo :

- deux, ex-soviétiques, du Projet 877EKM, livrés à Alger en décembre 1986 et décembre 1987.

- deux, commandés auprès de la Russie puis livrés en juillet 2010 (Projet 0636.2).

- deux autres du Projet 0636.2 également, commandés en 2014 dont la construction s'achève discrètement au chantier naval de l'Amirauté (St P.). Ils pourraient être remis à Alger courant 2018. Ces deux dernières unités seraient équipées de missiles Kalibr.

Un des deux SSK livrés en 2010, le Akram Pacha, est arrivé le 12 avril dernier à Saint-Pétersbourg, probablement dans le cadre d'entretiens et de réparations qu'il doit subir. Lors de la signature du contrat entre Alger et Moscou en 2014 (montant $1,2 milliard), il aurait été question d'inclure l'établissement d'un centre de maintenance pour les SSK algériens, à Mers el-Kébir. La Russie fait donc allusion à une proposition déjà formulée.

Au moment où Moscou s'apprête à livrer un ou deux nouveaux SSK à Alger ainsi qu'à se livrer à l'entretien d'un troisième, la Russie rappelle ainsi son vif intérêt pour une coopération plus poussée avec les Algériens dans le domaine des submersibles. Rappelons que la force sous-marine algérienne a vu le jour grâce à l'URSS et qu'une coopération étroite entre Soviétiques et Algériens s'était nouée autour de ce domaine dans les années 80.

 

 

 

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H
L'algérie préfère une neutralité bienveillante à l'égard de nos amis russes à une alliance militaire avec moscou ce qui ferait d'elle une cible pour les armées de l'otan.....
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