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Sur la flotte de la Baltique

30 Juin 2016 , Rédigé par Khan Publié dans #Flotte de la Baltique

Le vice-Amiral Viktor Kravtchuk, ex-commandant en chef de la flotte de la Baltique. Source : Flotprom.

Le vice-Amiral Viktor Kravtchuk, ex-commandant en chef de la flotte de la Baltique. Source : Flotprom.

Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a procédé hier à la mise à pied du commandant de le flotte de la Baltique, du chef d'état-major de la marine ainsi qu'à celle de hauts fonctionnaires. Comment interpréter cette "purge" au sein de la plus vieille des 5 flottes et flottille russes ?

Le ministère de la Défense a invoqué une série de "manquements graves dans le cadre de leur service" afin de justifier sa décision. La dernière inspection de la flotte de la Baltique réalisée entre le 11 mai et le 10 juin dernier aurait ainsi mis en lumière d'importantes carences dans son état de préparation au combat. Le vice-Amiral Viktor Kravtchouk avait fait carrière dans les forces de surface, et avait été nommé à la tête de la flotte de la Baltique en septembre 2012, prenant la succession de Viktor Tchirkov, alors nommé commandant en chef des forces navales russes.

La flotte de la Baltique, fondée en 1703, est la plus ancienne des flottes et flottille russe. Si elle a longtemps été considérée comme la plus prestigieuse et stratégique des flottes impériales puis soviétiques, après la Seconde guerre mondiale, c'est la flotte du Nord qui lui ravi ce rang. Aujourd'hui, la flotte du Nord et la flotte du Pacifique font l'objet d'un programme de modernisation articulé autour de la forces de dissuasion sous-marine (les SNLE du Projet 955 Boreï équipés du nouveau missile balistique Boulava), tandis que la flotte de la mer Noire reçoit de nouvelles unités de second et troisième rang, ainsi que de nouveaux SSK (Projet 0636.3.).

Dire que la flotte de la Baltique est la plus mal lotie des flottes russes n'est cependant pas tout à fait exact. Son état général reste en effet en deçà de celui de ses consœurs, mais elle cependant a reçu ces dernière années de nouvelles unités de surface : 4 corvettes du Projet 20380 (bien que compte-tenu de leur tonnage de 2 100 t, certains considèrent ces navires plus comme des frégates légères), les corvettes Steregushchiy (2007), Soobrazitelniy (2011), Boïkiy (2013) et Stoïkiy (2014). Aucun de ces bâtiments ne s'est rendu depuis sa mise en service ni en Méditerranée, ni dans l'océan Indien, deux théâtres où la présence de la marine russe s'est pourtant nettement accrue au cours de ses 10 dernières années. Pire, la corvette Steregushchiy n'a plus pris la mer depuis le mois d'avril 2015 depuis qu'un incendie a endommagé le bâtiment. La corvette Soobrazitelny a aussi subi une avarie est se trouve en réparation à Saint-Pétersbourg. Ce sont surtout les capacités de soutien logistique de la flotte de la Baltique ainsi que quelques unités amphibies (Projet 775) qui ont donc été sollicitées en Méditerranée pour contribuer au "Tartous Express". Or, les corvettes du Projet 20380 aurait pu, en pratique réaliser des missions d'escorte de ces convois à destination de la Syrie.

Depuis 2014 et la détérioration des relations avec l'Occident, l'importance stratégique du théâtre de la Baltique s'est accrue. L'incident entre des avions russes et le destroyer américain USS Donald Cook en avril dernier, ainsi que les exercices de l'OTAN (Anaconda 2016) réalisés en juin témoigne d'un accroissement de la pression sur ce théâtre. Or, le degré de préparation au combat de la flotte de la Baltique ne semble pas optimal, notamment en ce qui concerne la lutte contre les mines - une mission d'autant plus importante sur le théâtre de la Baltique qu'en cas de conflit, on peut imaginer que les opération de blocus, et donc de minage, seraient mises en œuvre. Les opération de déminage réalisées dans le cadre d'exercice en août 2015 ont ainsi mis en lumière des faiblesses. Or, encore lors des exercices Baltops 2016, l'armée américaine a procédé à des opérations de minage à partir de B-52.

Le renvoi des hauts gradés intervenus hier ne réglera pas les défis structurels auxquels fait face la marine russe. Le rythme de livraison des nouvelles unités reste lent et irrégulier, et la flotte de la Baltique continue d'être globalement délaissée au profit des autres flottes en matière de capacités de combat de surface et sous-marines. Le successeur du vice-Amiral Kravtchuk connaît sa feuille de route : apporter une réponse au défi posé par l'accroissement de l'activité de l'OTAN en mer Baltique, et contribuer aux missions en Méditerranée et dans une moindre mesure, dans l'océan Indien. Le tout avec les mêmes moyens que ceux de son prédécesseur, et sachant que d'ici la fin de l'année, le ministère de la Défense entend réaliser une nouvelle inspection de la flotte de la Baltique. Cette "purge", la plus importante réalisée au sein de la flotte depuis 1991, est aussi un avertissement pour les autres commandants des flottes russes concernant le degré de préparation au combat de leurs unités.

Sources : Flotprom, Flot.com, Lenta...

MàJ 30/06 : 50 officiers et commandants de la flotte de la Baltique ont été relevés de leurs fonctions plus tard dans la journée du 30/06. Le commandant en chef par intérim de la flotte de la Baltique est le vice-Amiral Sergeï Elisseïev, "transfuge" de la flotte ukrainienne, puisqu'après l'annexion de la Crimée par Moscou, il passe en juin 2014 au service de la marine russe.

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C
Tiens, cela ne vas causé des crispations de voir un «étranger» prendre les commandes ? Et même si les mers noire et baltique sont des mers fermées, le climat n'est pas pareils...
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